Passage au vide !
Le joint torique occupe une place à part dans l'univers collectif des plongeurs dans la mesure où il fait souvent la barrière entre l'eau et des choses que l'on ne souhaite pas mouiller mais qu'on emmène quand même sous l'eau ! A côté de lui il y a la graisse silicone qui dans la réalité ne sert pas à étanchéifier un caisson mais simplement à permettre au joint de se déplacer dans sa gorge... graisse qui parfois est totalement à proscrire selon le type de joint, son usage pouvant alors entraîner la fuite qu'on espérait éviter. Ecrit comme ça ou encore lu dans les notices, le stade de la préparation d'un caisson est aussi anxiogène qu'une pub pour un célèbre réparateur de pare-brises...
Si dans certains vieux manuels de plongée, on peut lire qu'un caisson est voué à prendre l'eau, le constat pratique est que la fuite n'est pas une fatalité et n'arrivera pas nécessairement de façon critique pour l'équipement. En presque 2000 plongées avec plusieurs caissons, j'ai eu 3 petites entrées d'eau sans dommage pour le matériel mais toutes liées avec le recul à des erreurs personnelles ou un manque de vérifications.
Les premières minutes de la plongée restent encore les plus critiques pour vérifier l'équipement en quête de l'éventuelle goutte suspecte ou de l'alarme qui sonne si le caisson est équipé d'une alarme d'entrée d'eau. Toujours est-il que jusqu'à il y a quelques années, ces premières minutes étaient les seules instants permettant de juger si le caisson était étanche ou pas.
Lubrifier ou pas le joint ? Lisez et respectez la notice de votre caisson !
En amont, il appartient à chacun de bien lire la notice de son caisson en particulier concernant le nettoyage de la portée de joint et la lubrification ou non du joint. Quand le fabricant ne recommande pas de lubrifier un joint, il faut retenir qu'il ne faut pas lubrifier le joint. Ca peut paraître évident mais combien d'entre nous ont cette tentation de vouloir lubrifier à tout prix un joint torique ?
En réalité, si on considère le côté commercial des choses, il n'est pas dans l'intérêt du fabricant de noyer le matériel du client pour sa propre réputation et il est dans son intérêt de vendre des graisses hors de prix. A partir de là si le manuel indique qu'il ne faut pas lubrifier le joint du caisson, c'est qu'il y a une raison derrière. Et la raison est souvent la matière ou la construction du joint qui va imposer ou non de la graisse voire un type de graisse (qu'il faudra là aussi respecter).
La préparation du caisson est une étape critique
Faire le vide
De plus en plus de fabricants offrent la possibilité d'installer des valves de dépression. E-OCEAN diffuse une marque de valves pour lesquelles il existe un modèle pour différentes marques de caissons. Ces valves s'installent soit sur un trou fileté existant sur le caisson, soit en remplacement d'une molette de réglage inutiles, soit pour les plus téméraires, en perçant un trou adapté dans le caisson. Elles comportent un bouchon sur lequel on va fixer une pompe pour faire le vide.
Une valve de mise sous vide.
Intuitivement on peut se dire qu'il serait plus logique de mettre le caisson en surpression pour réduire l'écart de pression entre l'intérieur du caisson et la pression que l'on va rencontrer en plongée. C'est vrai sur le principe mais la construction des caissons est telle que les caissons sont conçus pour être étanche quand la pression extérieure pousse les joints vers l'intérieur du boitier. Il y a quelques années, j'avais mis un caisson sous 2 bars de pression puis dans l'eau, il fuyait au niveau du joint principal alors qu'il est conçu pour résister à 60m sous l'eau.
Le vide aspire les joints vers l'intérieur donc dans une position similaire à ce qui va être rencontré en plongée. De fait le caisson est plus étanche en dépression qu'en surpression.
Faire le vide n'est pour autant pas obligatoire ni une garantie contre la fuite. Ce qui est en fait important c'est de savoir si le vide est maintenu ou pas et de préférence avant d'être sous l'eau.
Surveiller le vide
A l'air libre, faire le vide suffisamment avant la plongée va permettre de voir si celui-ci se maintient. S'il se maintient, c'est que le caisson est étanche. S'il y a perte, c'est qu'il y a un soucis qui va probablement se transformer en fuite sous l'eau. Il est donc important de surveiller le vide.
Cette surveillance se réalise différemment selon les fabricants.
Pour certains, la pompe de mise sous vide comporte un manomètre. On fait le vide et on revient quelques dizaines de minutes plus tard pour surveiller si l'aiguille a bougé ou pas. Si l'aiguille est dans les marges admissibles, c'est que le caisson est étanche sinon c'est qu'il y a un problème. Cette méthode mécanique est fonctionnelle, peu onéreuse mais présente 2 inconvénients. D'une part on mesure une pression ce qui implique que le caisson va devoir rester dans le même environnement à température constante pour éviter les variations de pression interne liée à la température. D'autre part, il n'y a pas de surveillance de la pression sous l'eau. Certains fabricants proposent cette approche puis de remettre le caisson à pression ambiante via la purge de la valve. Là aussi il n'y a pas de surveillance sous l'eau et ça limite l'intérêt du vide à vérifier si les joints ont été bien préparés ou pas.
Pour d'autres, l'électronique de surveillance est dans le caisson. A ce propos il conviendra de distinguer un circuit detecteur de fuite dont le déclenchement de l'alarme repose sur deux électrodes qui seront mises en contact par l'eau si elle entre dans le caisson d'un circuit qui surveillera la pression interne du caisson. Les deux approches peuvent cohabiter dans le même circuit mais surveillent des choses différentes.
Un circuit de suivi du vide et compensé en température.
Dans le cas d'un suivi de la pression, l'électronique comporte un capteur de pression et de température. Les deux permettent de déterminer si la pression varie du fait d'une entrée d'eau ou de l'air entre dans le caisson en tenant compte de la température interne du caisson qui joue aussi sur la pression. On parle de capteur ou de suivi de pression compensé en température. La création du vide va armer le circuit et définir un vide de référence. Au delà d'une certaine marge, les variations de pression se traduiront par le déclenchement de l'alarme. Ce dispositif conserve en permanence le caisson sous vide autant à l'air libre qu'en plongée et comme pour la première méthode, bien avant la plongée, on sait déjà si le caisson est étanche ou pas.
Ce système est quasi livré en standard chez certains fabricants comme Nauticam ou Aquatica. EOCEAN propose aussi une solution électronique sur mesure sur demande.